Alors que l’automne s’installe, il est temps de faire un bilan de cette année 2015 qui nous aura apporté son lot de surprises et surtout d’enseignements.
Pour commencer, un petit retour sur la climatologie. Après un hiver pluvieux mais pas particulièrement froid, le débourrement (éclatement des bourgeons) a été observé fin mars, plus tardivement qu’en 2014. Cependant la météo ensoleillée, chaude et sèche a grandement accéléré le développement végétatif et la floraison a non seulement été précoce, mais également rapide. C’est à ce moment là que nous avons pu faire une première approche de la date des vendanges, qui en principe devait se situer début septembre (100 jours après la floraison en moyenne).
Juin, juillet et août nous ont offert des journées torrides, qui ont eu des effets un peu inattendus : au lieu d’accélérer la maturation des raisins, les conditions ont provoqué un blocage, créant des disparités importantes d’une vigne à l’autre. Les vignes les plus jeunes, dont les racines ne sont pas encore profondément ancrées, ont particulièrement craint la sécheresse. Les vignes habituellement précoces ont été rattrapées par les plus tardives, moins exposées au soleil, et donc moins sensibles à ce phénomène. Heureusement, quelques pluies salvatrices ont permis de débloquer la situation et de maintenir la récolte.
Des choix difficiles…
Dans ces conditions particulières, choisir une date de récolte n’était pas facile, il fallait tenir compte d’une multitude de facteurs : richesse en sucre et niveau d’acidité des raisins, maturité physiologique (estimée par l’observation et la dégustation des baies) mais aussi conditions de récolte. En effet, la chaleur accélère les phénomènes d’oxydation des jus, ce que nous voulions absolument éviter. Et bien sûr, l’ordre de ramassage des parcelles, s’est parfois retrouvé complètement chamboulé.
…et finalement des vendanges idylliques
C’est donc dans une atmosphère enfin rafraîchie que la troupe de vendangeurs a attaqué les pentes de Solutré le 3 septembre. Les raisins étaient magnifiques, dorés à souhait, sucrés et croquants, et c’est dans une bonne humeur générale que les sécateurs se sont activés afin de récolter le fruit d’une année de travail. Quelques maux de dos, des coupures, vite oubliés dans l’ambiance chaleureuse et conviviale caractéristique de cette période ! Les derniers raisins, vendangés à la machine, sont rentrés le 11, inscrivant cette campagne comme l’une des plus précoces depuis le fameux millésime 2003. La météo nous a fait le plaisir de rester idéale pendant toute cette période jusqu’au dernier quart d’heure où la pluie est arrivée, comme un point final sous forme de clin d’œil !
En cave aussi, beaucoup de travail, et surtout des choix importants à faire pour tirer le meilleur parti de ces raisins gorgés de soleil. Les degrés d’alcool potentiels sont élevés et les acidités plutôt faibles. Il faut s’assurer que les fermentations se déroulent correctement, préserver la fraîcheur et le fruit. Pas toujours facile de réfléchir sereinement quand les remorques de raisins se succèdent, qu’il faut pressurer, débourber, entonner, nettoyer… tout en suivant la cadence des vendangeurs !
Aujourd’hui le calme est revenu, le vignoble prend ses couleurs d’automne et seules quelques grappes oubliées tiennent encore sur les ceps, pour le plus grand plaisir des randonneurs qui se régalent de ces baies sucrées.
En cave, nous veillons sur les fermentations, bercés par le doux pétillement qui s’échappe des fûts dans lesquels les levures s’activent encore.
Les vendanges sont terminées… mais l’histoire du millésime 2015 ne fait que commencer, un millésime qui restera dans les mémoires pour son caractère exceptionnel ! Il nous tarde de le partager avec vous !